Carretera australe blanche
Au poste frontière de Pampa Alta côté argentin le samedi 27 avril, la cahute n'était pas chauffée. Seuls à cette petite douane isolée, nous espérions que les formalités
soient vite réglées mais ce ne fut pas le cas. Il manquait un numéro sur le document d'importation temporaire du bus rempli en novembre à la main par le douanier de
Buenos Aires (cf récit Entre bonheur du retour en Argentine et gros malheurs mécaniques). Ils ont essayé pendant plus
d'une heure d'obtenir ce numéro de Buenos Aires mais en vain. Ils ont alors abdiqué sur ce point. Puis, ça a pris encore du temps car les extensions de visa faites à
Neuquén n'étaient pas enregistrées. Heureusement, sachant qu'il y a souvent des failles dans les systèmes, nous avions demandé une copie papier du document au
bureau d'immigration.
Après cette longue attente, congelés, nous avons pu sortir d'Argentine sans aucun contrôle du véhicule. La traversée de la courte zone franche ne
nous ayant pas permis de nous réchauffer, nous priions pour que ce fût chauffé au poste chilien. Que nenni! Il y avait certes un poêle mais éteint. Un douanier s'est
occupé des formalités pour le van puis nous avons dû attendre le douanier de l'immigration (PDI) qui n'est jamais arrivé. Au bout d'une bonne heure, le douanier qui avait
froid s'est occupé lui des formalités pour nous et nous a laissé partir sans contrôle du bus ni des chats. Transis de froid, nous nous sommes vite arrêtés pour manger
une bricole chaude.
Arrivés au Chili
Bien que les écosystèmes diffèrent singulièrement entre la Patagonie argentine et chilienne, il existe des zones où ceux chiliens sont semblables à ceux argentins et inversement. Plus tard, sur la Carretera australe, il ne soufflait plus mais il pleuvait. La pluie nous accompagnera pendant plusieurs jours avec parfois des accalmies. Sans nous empêcher de découvrir entre autres des endroits dans les environs du rio Mañiguales.
Un affluent du rio Mañiguales
En début de semaine, pas ravis mais mentalement prêts à devoir passer plusieurs jours à Coyhaique pour cette histoire de support (cf récit précédent Patagonie automnale), nous avons écrémé les différentes "casas de repuestos" (vendeurs de pièces détachées). Sans succès mais un employé d'une de ces casas nous a orienté vers un garage où il pouvait y avoir un support d'occasion pour notre L300. Coup de chance, il y avait plusieurs moteurs démontés. Un support identique au nôtre a pu être récupéré et, dans la foulée, remplacé. Heureux que ce soit réglé et en un jour, nous avons passé la nuit au bord du rio Aysén.
Au bord du rio Aysén
Nous sommes ensuite retournés dans une belle vallée découverte en 2022 afin de l'explorer davantage.
La vallée en question
Le rio qui y coule
La piste pour y accéder passe le long d'un petit bijou de lac dans un écrin de montagnes.
Carte postale
Nous avons eu beaucoup de plaisir dans cette vallée à la végétation luxuriante malgré la pluie.
Cette vallée pluvieuse à la végétation donc exhubérante
Cette partie du Chili est une succession de magnifiques vallées avec une flore qui varie en fonction de la pluviométrie. Ce fut l'occasion cette année d'en découvrir plusieurs. Les sommets les entourant ne sont pas forcément très élevés mais souvent abrupts.
Une autre belle vallée
Avec des bivouacs sympas
Parfois, des lacs, dont les accès ne sont pas toujours aisés, jallonnent ces vallées.
Un joyau niché dans une vallée reculée
Plus les jours passaient, plus la neige était basse sur les montagnes. Jusqu'au jour où, dans une vallée plus au sud, nous nous sommes réveillés en sa compagnie. Nous nous en doutions un peu, chaque jour il faisait de plus en plus froid. En discutant avec des locaux, ils nous ont dit que l'hiver était précoce cette année. Et nous qui avions tablé sur un automne qui allait durer un peu!
La neige se rapproche...
Sans gêner Blacky de montrer qui est le chasseur de la troupe!
Avant qu'elle finisse par nous rejoindre...
Néanmoins, nous avons encore passé un peu de temps dans ces idylliques vallées patagones, maintenant revêtues d'un manteau blanc, avant de prendre la décision, à contre-coeur, que le moment était venu de partir. Ça résonnait comme la fin de l'aventure dans cette région de Patagonie chilienne tant appréciée. L'idée de remonter au nord était qu'il y aurait moins de neige. Ce fut certes le cas un bout. Mais rapidement elle était à nouveau bien présente, même dans des contrées presque au niveau de la mer.
Un peu de répit
Vers La Junta, un petit village souvent arrosé, c'est entourés de neige que nous avons profité des bienfaits de bains thermaux. Pas réchauffés très longtemps, c'est en déblayant la neige au lieu de camp trouvé pas très loin de ces derniers que nous nous sommes un peu re-réchauffés!
Un peu de chaleur bien méritée
En gravissant la côte de Queulat culminant à moins de 600 mètres, c'est une cinquantaine de centimètres qui était tombée au sommet.
Un autre décor que celui que nous connaissions
C'est en arrivant vers Chaiten que cette fois elle avait quasiment disparu, pour laisser place à la pluie. Or, sans elle, le parc Pumalin situé non loin n'aurait pas cet aspect de forêt luxuriante. Une jungle mais sous un autre climat. Malgré la roille, nous avons baladé sur le sentier des alerces et eu beaucoup de plaisir à leur re rendre visite après plus de onze ans, lors de notre premier voyage au Chili. Ce sont des arbres de la famille des séquoias. Majestueux et millénaires. Certains spécimens ont un âge vénérable de près de 4'000 ans. Une énergie incroyable se dégage de cet endroit.
Auprès des alerces du parc Pumalin
Onze ans séparent les deux clichés, l'alerce n'a pas pris une ride...
Parcourir le chemin passant par endroits sur des troncs permet de croiser un habitant de la forêt, le huet-huet
Le largage des amarres du ferry qui mène à Hornopirén est toujours émouvant, marquant la fin de l'aventure en Patagonie chilienne. Il nous tarde déjà d'y revenir au printemps. Un peu plus loin, à Puerto Montt, c'est le choc de la ville bouillonnante et cahotique, contrastant avec la tranquilité du sud. Nous avons pu y remplacer la batterie auxiliaire. Elle était en bout de course depuis un moment, n'ayant vraisemblablement pas supporté le stockage pendant une année. Elle se déchargeait très vite, nous obligeant depuis quelques temps à devoir allumer le moteur pour permettre au webasto (chauffage d'intérieur du bus) de fonctionner. Avec une réussite à la clé, mettre, malgré le peu de place à disposition, une batterie un peu plus grande avec un peu plus de capacité. Il a fallu faire un jeu de tetris avec comme combinaison gagnante de la changer de meuble et rallonger les câbles. En moins d'un après-midi, le tour était joué. Rien de bien compliqué en bons baroudeurs que nous sommes!
Océan pacifique entre Fiordo Largo et Hornopirén
Le lendemain, le soleil marqua enfin son retour, quelle joie ce fut. Il sera de la partie pendant une bonne semaine, atténuant un chouia le froid durant les journées. Le chef-lieu de la région de Los Lagos coïncide avec l'arrivée dans la région des volcans. Ils se succèdent. Du cône parfait à ceux avec des formes diverses.
L'Osorno (2652 mètres), un bon exemple de l'imagerie populaire d'un volcan
Puerto Montt coïncide aussi avec le début d'un Chili plus urbanisé, plus peuplé. Des lieux de camp agréables deviennent donc plus difficiles à dénicher. En y parvenant néanmoins après plus ou moins de temps et parfois grâce à des pistes signalées sur aucune carte. Nous en avons notamment découvert une très belle en forêt où nous avons fait une balade fort agréable.
Promenade du matin
Il faisait toujours très froid, avec des gelées matinales parfois fortes.
Un réveil revigorant!
Vive les "termas" pour se réchauffer mais pas à celles-ci l'eau était tiède.
Termas de Cerrillos
Plus au nord, les journées sont devenues un peu plus chaudes et, lors de la balade matinale avec nos deux boules de poils, une récompense d'avoir peiné la veille pour trouver un lieu de camp s'est offerte à nous.
Quelques bolets vite dégustés le soir-même
Blacky, lui, presque quotidiennement et par tous les temps grimpe sur son mirador favori.
Pas que pour guetter les oiseaux!
Pour retourner en Argentine via la frontière de Mamuil Malal, nous avons dû réaffronter le froid. Nous n'avions pas envie de remonter plus au nord par le Chili. Pas parce que nous l'avions déjà fait en 2022, mais parce que nous avions remarqué qu'en direction de Santiago les grands espaces inhabités s'amenuisent. Le trajet à cette frontière est splendide avec un paysage à couper le souffle. On se rapproche de plus en plus du volcan Lanín avec l'impression d'être sur les flancs de ce géant endormi. La douane se situe à son pied au milieu des araucarias, avec tant de plaisir à en revoir.
Volcan Lanín (3768 mètres)
Embarquez avec nous pour la frontière de Mamuil Malal
La sortie du Chili a été pèpère, nous avons rigolé avec les douaniers dont un qui était allé voir les alerces à Pumalin quelques mois auparavant. Du côté argentin, ce fut également rapidement expédié. Une coupure de courant était prévue juste apres nous. Les grosses chutes de neige de la semaine précédente avait fait tomber des arbres sur les lignes électriques. La douane tournait visiblement sur un groupe électrogène. Ils n'ont même pas jeté un oeil au bus mais lancé un chaleureux "buen viaje".
Les araucarias du côté argentin
Suite au prochain épisode! Canela, Etat de Rio Grande do Sul, Brésil, le 07.07.2024