Entre bonheur du retour en Argentine et gros malheurs mécaniques
Le trajet depuis Colonia avec le Buquebus est rapide. En une heure il atteint Buenos Aires. En plus, comme nous étions rentrés en dernier dans la cale, nous en sommes resortis les premiers. Les formalités douanières ont été effectuées assez rapidement. Au cabanon de l'immigration, il a pris les passeports et nous a lancé tout sourire un "Bienvenidos". Le système informatique était en panne, alors le douanier en charge des véhicules a rempli à la main le document pour le van avec un stencil pour qu'il en ait une copie. Ca faisait longtemps que nous n'avions pas vu un papier carbone!
Prêts à sortir du Buquebus
Puis, la traversée toujours un peu chaotique de Buenos Aires s'est assez bien déroulée. Nous commençons un peu à connaître cette métropole et ce n'étaient pas les heures de pointe. Nous sommes allés rendre visite à une amie rencontrée il y a 10 ans en Terre de feu et pas revue depuis. Nous avons été chaleureusement accueillis.
Chez Margarita avec sa famille
Dans l'après-midi il a été temps de repartir, il s'est mis à pleuvoir des trombes d'eau et aussi pour pouvoir se trouver un lieu de camp hors de la capitale argentine. Nous en avons déniché un près d'une petite route secondaire mais, une fois n'est pas coutume, au moment de se coucher, la police est venue nous en déloger. Le flic était désolé de nous envoyer à la station-service YPF à une demie-heure de là mais plus loin il y avait un hameau de petits vieux qui avaient peur! Nous n'étions pas très rassurés de rouler de nuit sous la flotte et craignions d'à nouveau se prendre un caillou dans le pare-brise, comme quelques heures auparavant, ce qui nous avait laissé un bel impact. Pour tenir compagnie aux deux autres pris sur un ripio chilien l'an passé. Le lendemain matin à l'YPF, ce furent ses collègues qui nous controlèrent. A se demander si le deuxième tour de l'élection présidentielle dans les jours à venir y était pour quelquechose. S'ensuivit la traversée de la pampa, succession de routes rectilignes et plates au milieu de gigantesques cultures.
Nous avons quand même réussi à dénicher un lieu de camp sympa au milieu de toutes ces cultures!
Plus au sud-ouest, vers General Acha, les cultures disparaissent au profit d'un terrain plus aride, nommé "El Monte", et les premiers reliefs font leur apparition. C'est avec joie que nous avons réemprunté des petites pistes connues. Et constater qu'au printemps el Monte est plus vert et paré de fleurs diverses.
Une des petites pistes parcourues
C'était très beau et nous avons vu plein d'animaux. Sangliers et leurs marcassins, maras, piches, chouettes, perruches et autres oiseaux colorés.
Maras et une chouette (en vol et à l'arrêt)
Piche, un petit tank préhistorique, à l'oeuvre
Les chats ont aussi bien profité de cette région isolée.
Pendant que Blacky chasse, avec succès, Cacahuète se repose
Hélas, quelques doutes au niveau du moteur se sont installés. Nous avons commencé à reperdre de l'eau, malgré toutes les réparations de 2022. A Neuquén, nous sommes allés rendre visite à notre ami vétérinaire Luciano. Nous étions contents de nous revoir. Il a aussi pu contrôler Cacahuète et nous confirmer que tout suivait son cours. Au garage où nous étions déjà allés l'année passée, ils nous ont prêté un peu d'outillage afin que Benjamin puisse reserrer les vis de la culasse. Dans l'espoir que ça résolve le problème mais, malheureusement, ce ne fut point le cas. La culasse ayant été rectifiée plusieurs fois en 2022, le garage proposa de la changer, pensant que la perte de compression venait de là. Dans l'attente de commencer ces travaux, nous sommes notamment allés au bord d'un lac découvert lors du voyage précédent. Que c'était venteux!
Illustration de la puissance du vent
Nous avons aussi passé du temps dans les sierras au-dessus de Neuquén, où le dernier copain de Kawaï (cf Voyage 2022 Galerie Argentine) est venu à notre rencontre. Que d'émotions! Et également mis à profit ce temps d'attente pour faire réparer les différents impacts dans le parebrise.
Dans les sierras avec celui que nous avions surnommé Copino
Au garage, Benjamin et le mécano ont constaté que le joint de culasse avait à nouveau lâché. La cinquième fois depuis que les mécaniciens incompétents d'Antofagasta (cf récit Le mirage d'Antofagasta) ont mis leurs pattes dans le van l'année passée. Au bout de quelques jours, une nouvelle culasse et un nouveau joint de culasse étaient remontés.
Nouvelle culasse remise en place
Ne restait plus qu'à rouler un peu pour vérifier que tout était en ordre. Nous avons, hélas, vite déchanté. Le problème s'était même empiré et les gaz passaient toujours dans le circuit d'eau. Nous entendions le bruit depuis le dessous du van et, en ouvrant le bouchon du radiateur, c'était un volcan! Ce fut le coup de massue! Le remplacement de la culasse n'ayant pas résolu les problèmes, il était alors certain que ceux-ci provenaient du bloc moteur. Il a alors fallu attendre une semaine qu'il y ait de la place au garage pour démonter et pouvoir sortir le moteur.
Les malheurs n'arrivant jamais seuls, un autre est survenu l'après-midi où, enfin, Lucy pouvait être ramenée au garage. Alors qu'elle était parquée devant et que Benjamin discutait quelques minutes avec le patron du garage, un individu est entré à l'intérieur en forçant des serrures. Au moment où il s'est fait surprendre par eux, il s'est enfui en brisant la vitre passager.
Vitre explosée
Le sac prêt pour la pêche du week-end avec Luciano, pour se changer les idées, avec quasi tout le matériel de Benjamin avait disparu. Déjà au fond du trou, nous étions encore plus dépités. Après le vol lors du Ro-ro de l'année passée (cf récit La malédiction du Ro-ro), beaucoup de temps et d'énergie avaient été nécessaires pour reconstituer le stock de matériel de pêche. Une journée longue et éprouvante supplémentaire, il a fallu aller au commissariat déposer plainte. Ca a pris des plombes. En cours du dépôt de plainte, quelle heureuse surprise ce fut de voir arriver Luciano et Gisele, sa compagne, pour nous aider et nous soutenir moralement.
Une fois le moteur sorti, ce dernier a été amené à un rectifieur pour voir s'il pouvait le sauver. Sa seule idée était de le rectifier mais comme les chemises sont sans collerette ça n'aurait rien résolu, ces dernières auraient continué à descendre. Ce qui cause que les gaz de compression vont ailleurs. Nouveau coup dur! La seule possibilité qu'il resta était de changer le bloc moteur. Nous en avons commandé un nouveau qu'il a fallu attendre. Au moment de le récupérer, c'est avec un cornet plastique entier que nous avons dû aller au magasin. Un moteur, ça coûte et la valeur maximale d'un billet est de 1 franc!
Le vieux bloc mal chemisé au Chili et le nouveau
Ensuite, il y a encore eu besoin de trouver un autre rectifieur. Encore du stress pour en trouver un disponible de suite. Le vilebrequin avait un peu de jeu et il a fallu aussi changer les bagues de pied de bielle et les coussinets de bielle. Ensuite, Benjamin et le mécano ont pu remonter tout ce qui va autour du bloc.
Le moteur prêt à retourner dans le van
Au moment d'écrire ces lignes, nous attendons que le garage ait de la place pour y ramener Lucy, pouvoir remettre le moteur dedans et terminer ce qu'il restera à faire une fois le moteur à sa place. Puis, il s'agira encore de remplacer la vitre et remettre les serrures réparées en place. C'est donc sans grand plaisir nous passons Noël à Neuquén, avec l'impression que ces jours de fêtes sont encore des jours perdus sans pouvoir travailler à finir ces réparations. Epuisés moralement et physiquement par ces problèmes, les sursauts, le stress, les attentes et les innombrables kilomètres parcourus dans cette grande ville. Il nous tarde, plus que jamais, de pouvoir enfin continuer le voyage.
Un sapin de Noël original
Suite au prochain épisode! Neuquén, Argentine, le 28.12.2023