Voyager n'est pas toujours un long fleuve tranquille
Le garage devant lequel nous avions été déposés la veille (cf récit précédent Les débuts au Brésil), ne faisant que de la mécanique sur poids lourds, s'est contenté de changer le filtre à huile pour pouvoir aller à un autre garage qu'il nous ont indiqué. Or à ce deuxième garage, une fois la situation expliquée au mécano, il ne souhaitait pas se lancer dans de tels travaux. A savoir diagnostiquer le problème et y remédier. Direction une troisième "oficina mecânica" en tremblant que Lucy n'arrive pas mais, péniblement, elle y est parvenue. Celle-ci accepta de s'occuper du L300. Une fois le joint de culasse démonté, il nous ont soutenu que le problème ne venait que du joint. Pas convaincus par leurs explications dont ils ne démordaient pas, nous avons fini par accepter que seul le joint ne soit changé. Avec pour seul espoir que le problème ne soit pas plus profond.
Nouveau joint de culasse
Après cette semaine de garage, de surcroît pluvieuse et froide, nous avions bien besoin d'un petit reconfort. Cap alors sur Gramado, sous la pluie, dans une ambiance très froide, et avec un brouillard à couper au couteau. Cette localité est connue au Brésil pour être, semble-t-il, le meilleur endroit du pays pour manger du bon chocolat.
On se réchauffe comme on peut!
Titillés aussi par la curiosité de savoir si réellement il en vaut la peine quand on est suisses! Verdict: pas trop mal dans une seule boutique mais sacrément onéreux. Dans les autres, bien que connues au Brésil, il s'agit de chocolat avec une liste d'ingrédients à rallonge et bien loin d'être aussi bon que chez nous. Sur les hauteurs de Canela, une ville collée à Gramado, nous avons trouvé un lieu de camp sympa en forêt.
La vue lors de sporadiques accalmies
Balade sous la pluie mais dans une belle forêt
Dans les environs du parc des Aparados da Serra, toujours sous la pluie et dans le froid, il y avait de magnifiques forêts d'araucarias (Araucaria angustifolia). Il s'agit d'une autre espèce que celle qui pousse en Patagonie (Araucaria araucana). Les branches sont un peu plus touffues, les écailles plus fines et les pignons plus dodus. Y'a plus à manger! Comme en Patagonie, les gens en raffolent. A la bonne période pour la cueillette, nous sommes ressortis de la forêt bien mouillés mais avec une belle récolte.
Près du parc des Aparados da Serra
Pignons d'araucarias angustifolia
Plus les jours passaient, la pluie ne cessant point, plus les pistes étaient détrempées et boueuses. Les lieux de bivouac de même. En conséquence, beaucoup de difficultés pour se débarasser de cette terre très collante, fort difficile à enlever, sur nos affaires et dans le bus. Nos chaussures se transformaient à mesure en sabots de cette gadoue. Un matin, quelle chance de voir des coatis, un animal de la famille des procyonidés, se balader près du camp. Notre dernière rencontre avec ce cousin du raton-laveur remontait à plus de dix ans lors de la visite des chutes d'Iguazú (cf récit Parc national Iguazú).
Où est Charlie?
En chemin pour Ametista do Sul, catastrophe! Le bruit de glouglous était de nouveau là, une semaine seulement après le remplacement du joint de culasse! Changement de programme obligatoire pour aller fissa à un garage dans la ville la plus proche, Frederico Westphalen, avant de tomber en panne. Le matin nous avions fait la connaissance de Cristiano, nous l'avons alors contacté et il a pu nous y recommander un garage.
Un dernier camp avant une épreuve qui s'annonce longue
Au démontage du moteur, il a été constaté que la pression dans les cylindres passait entre les chemises et le bloc. Le chemisage n'avait pas tenu. C'est le pire que l'on pensait, le bloc était raide. Dépités par ces déboires mécaniques à répétitions, nous avons même songé à rentrer. Cependant il eût fallu retrouver un véhicule et repartir seulement après un long moment pour pouvoir retravailler et éviter la mauvaise saison dans l'hémisphère sud. Tout ça à quel coût... Seul choix réparer. Soit avec un bloc d'occas mais avec une usure et une historique inconnues, soit avec un moteur neuf pas original. Nous avons choisi la deuxième option en espérant qu'il tiendra la distance.
Le nouveau moteur
En face du garage se trouvait un grand étang à côté duquel avait élu domicile un groupe de capybaras. Au moins un plaisir en se rendant à l'atelier! Par contre, nous n'avons pas pu y dormir et avons donc dû séjourner à l'hôtel. Coïncidence pour nous qui voyageons avec des chats, nous logions au Pigatto et le garage portait le doux nom de Felin! Avec les aller-retours, nous avons eu le temps de connaître cette ville de quelque 30'000 âmes et d'aller une fois prendre un bol d'oxygène dans un parc à la sortie de celle-ci.
Les capybaras presque apprivoisés en ville
Cascade dans le parc Arcângelo Busatto
Un mois s'est écoulé pour cette réfection. Avec des températures qui, enfin, étaient remontées, la suite du séjour brésilien a été rythmée par des essais d'abord dans les environs. En premier vers Ametista do Sul, la mecque de l'améthyste. 80% de la production mondiale provient de la région autour de cette localité. En se baladant à proximité des lieux de camp, ça brillait de partout. Nous avons trouvé quantité de petits cristaux de cette pierre semi-précieuse de la famille du quartz. Dans les échoppes, il y avait de tout, des petites pierres aux grandes géodes en passant par des pierres taillées.
Un beau spécimen
Un éventail de la diversité de ces pierres
Puis en s'éloignant petit à petit pour continuer d'assurer le coup avant de retourner en Argentine tout en continuant à découvrir du pays. Vers Quilombo, il y a de belles chutes sur le rio Chapeco. Nous avons passé la nuit un peu à l'écart du parking, après avoir cherché en vain un endroit plus isolé. La nuit fut lumineuse. En effet, dès la tombée de celle-ci, de gros spots se sont allumés!
Salto Saudades vers Quilombo
Vers le parc national des Araucarias, le lieu était propice, un beau décor, une multitude de papillons colorés qui virevoltaient, nous nous sommes essayés à un nouveau style de vidéo; partager notre expérience de voyage avec des conseils pour ceux qui souhaiteraient se lancer dans un tel périple ou passer des vacances.
Pendant que certains bossent, d'autres se la coulent douce!
Présentation et conseils d'entretien de notre réchaud
Les jours suivants, de grands espaces inoccupés manquant toujours cruellement à l'appel dans ce sud brésilien, trouver des lieux de camp tranquilles et agréables demeura un casse-tête. Sans être à l'abri d'une bonne surprise. Proche d'un barrage sur le rio Iguazú, nous avons dégotté (?) un endroit inespéré. Une presqu'île sur le lac de barrage, inhabitée et recouverte de forêt, avec plusieurs petits chemins menant au bord de l'eau et de nombreux oiseaux. Idéal pour s'en servir comme camp de base! Autant pour y passer des journées qu'y retourner après des essais routiers.
Contemplative
Lac de barrage sur le rio Iguazú
Au retour d'une virée, nous avons remarqué que nous perdions de l'eau. Une durite du radiateur était percée. Elle avait été posée à l'envers lors de l'opération moteur et ainsi frottait contre le châssis! Nous avons réussi à faire une réparation de fortune nous permettant de rejoindre le garage le plus proche où elle a été remplacée. Comme en tournant le pilote avait constaté qu'il commençait à y avoir de la résistance, le mécano a aussi pu diagnostiquer qu'elle était la cause. Un roulement de roue était fichu et un autre sur le renvoi de la direction également.
Réparation maison et au garage
Après ces réparations et quelque 2000 km au compteur avec le nouveau moteur, nous nous sommes dits que nous pouvions enfin nous diriger vers la frontière argentine. Pour rejoindre la Patagonie et le grand sud qui nous résiste depuis que nous sommes repartis en voyage en 2022. Cette fois-ci ce sera la bonne!
Nous avons observé une grande diversité d'oiseaux au Brésil, comme par exemple la grande aigrette et le tyran pitangua
Suite au prochain épisode! Mendoza, Province de Mendoza, Argentine, le 06.10.2024